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2.7. La personne est au centre de l’accompagnement

Dans le cadre des services de logement d’abord, la personne est au centre de l’accompagnement, ce qui implique principalement d’organiser l’accompagnement et le traitement autour d’elle et de ses besoins((En Europe, le terme « personne au centre de l’accompagnement » est utilisé pour décrire un système dans lequel on aide une personne à gérer tous les aspects de sa vie. Ce système est similaire, mais pas équivalent à ce que l’on entend par  « personne au centre de l’accompagnement »  dans le cadre d’un service de logement d’abord. https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/250877/5086.pdf)). Cela reflète l’importance accordée au choix et au contrôle, qui sont entre les mains des usagers. On peut synthétiser cette idée en affirmant que les services de logement d’abord s’adaptent et sont organisés en fonction des usagers plutôt que l’inverse.

Dans certains services d’aide aux sans-abri, on attend de la personne qu’elle suive une voie tracée, en utilisant un éventail préétabli de services  qui fonctionnent de la même façon pour tout le monde. Dans le cadre du logement d’abord, on encourage les personnes sur le chemin du « rétablissement », mais cette approche est conçue pour leur permettre de tracer leur propre voie, en utilisant une combinaison spécifique de services qui leur convienne.

Toutes les personnes qui ont recours à un service de logement d’abord sont encouragées et accompagnées dans le choix du type de vie qu’elles souhaitent vivre. Le choix et le contrôle jouent un rôle important dans ce cadre. En effet, les usagers des services de logement d’abord prennent de vraies décisions concernant le type d’accompagnement et de traitement qu’ils souhaitent recevoir. La personne est au centre de l’accompagnement dans le cadre du logement d’abord, c’est-à-dire que l’on tient compte de:

  • Tous les aspects de la vie que la personne souhaite vivre, c’est-à-dire les choses qui, pour elles, en valent la peine, qui sont gratifiantes et améliorent son bien-être et sa probabilité d’être heureuse. Cela va au-delà du fait de garantir un logement adéquat et de mettre en place le type de traitement et d’accompagnement qui convienne.
  • Les besoins de l’usager en termes d’intégration sociale. Ceci comprend des éléments tels qu’un bon soutien social (des amis et/ou de la famille et/ou un compagnon/une compagne), la participation à la vie citoyenne (être intégré à son voisinage et à la société et ne pas être isolé) et être contributif envers la société, par exemple par le biais du bénévolat, d’un emploi rémunéré ou d’une autre activité productive. Une bonne intégration sociale permet d’améliorer la santé et le bien-être en renforçant l’estime de soi((Cohen, S. et Wills, T. (1985) Stress, Social Support and the Buffering Hypothesis Psychological Bulletin, 98, pp. 310-357.)).
  • Parmi les différents types d’accompagnements proposés dans ce cadre, on peut citer: organiser et entretenir sa maison ; acquérir des compétences pratiques telles que faire la cuisine, gérer son budget, faire ses courses et gérer ses factures ; gérer ses dettes éventuelles et son argent ; décorer et meubler son chez soi. Dans le domaine de l’accompagnement social, un plan centré sur la personne peut par exemple impliquer de nouer ou de renouer des liens d’amitié et des relations familiales positives. En termes d’intégration sociale, le logement d’abord vise également à encourager la personne à entamer des études, une formation, à participer à des activités artistiques, bénévoles, à travailler de façon rémunérée et à se socialiser. Enfin, en matière de santé et de bien-être, un accompagnement centré sur la personne vise à encourager et à soutenir l’usager à suivre un traitement adéquat.

Le logement d’abord vise à faire respecter les droits de l’homme et les besoins humains des personnes sans domicile, leur droit au logement et leur droit à une qualité de vie acceptable. Le logement d’abord ne constitue pas une véritable réponse au sans-abrisme si dans ce cadre, on ne fait qu’« entreposer » dans un logement les personnes sans domicile présentant des besoins élevés d’accompagnement et qu’on les soutient avec des services d’accompagnement. Il est essentiel de proposer un accompagnement souple et personnalisé. Lorsque l’on met la personne au centre de l’accompagnement, il convient de:

  • Garantir qu’elle soit au centre de toute décision qui peut changer sa vie.
  • Comprendre ce que chaque personne qui a recours au service de logement d’abord souhaite dans la vie, comment elle souhaite vivre et ce qu’elle souhaite faire. Cela comprend ce qu’elle désire en termes de relations, sa place en tant que citoyen/citoyenne et ce à quoi elle souhaite consacrer du temps.
  • Les membres de l’équipe de logement d’abord doivent s’assurer que ce que les usagers souhaitent faire de leur vie, leur qualité de vie, la gestion des risques liés à leur santé, la protection de leur bien-être et leur maintien en dehors du sans-abrisme soient au centre du programme logement d’abord.
  • La personne est au centre de l’accompagnement, c’est-à-dire que l’usager concrétise des projets prioritaires qui ne sont pas ceux qu’un prestataire de services de logement d’abord considère les meilleurs pour lui. Enfin, le logement d’abord peut encourager et accompagner les personnes sans domicile vers le rétablissement, mais on ne peut insister pour que l’usager prenne une direction spécifique (voir 2.6).