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2.4. Services d’accompagnement orientés vers le « rétablissement »

Un service orienté vers le « rétablissement » est axé sur le bien-être général d’une personne. Cela comprend sa santé physique et mentale, le niveau de soutien social dont elle dispose (de la part de son conjoint, de sa famille ou de ses amis) et son niveau d’intégration sociale, c’est-à-dire le fait d’être sociabilisé et d’avoir une activité sociale. Promouvoir le rétablissement d’une personne peut impliquer de faciliter son accès à l’éducation ou de l’aider à trouver une activité de loisirs gratifiante. Le concept d’orientation vers le « rétablissement » est bien plus large et plus ambitieux que le simple fait de réguler la consommation de drogue ou d’alcool de la personne ou de la soutenir pour qu’elle suive son traitement. Il s’agit de l’aider à vivre dans un environnement sûr et à avoir une vie gratifiante en l’aidant à s’intégrer dans son environnement social, dans son logement et de façon plus large dans la vie sociale et économique.

On peut aborder le concept du « rétablissement » sous différents angles((Wolf, J. (2016). Krachtwerk. Methodisch werken aan participatie en zelfregie. (Strengths Work, a Systematic Method for Participation and Self-Direction). Bussum: Coutinho.)), mais il est centré sur le fait d’acquérir un objectif, avec la perspective d’une vie meilleure et plus sûre, le point fondamental étant que la personne « se rétablit elle-même », en choisissant la direction qu’elle souhaite donner à sa vie((Rapp, C. et Goscha, R. (2006). The strengths model, case management with people with psychiatric disabilities. Oxford University Press; Saleebey, D. (2006). The strengths perspective in social work practice, vol. 4. Boston: Pearson Education, Inc.)).

Dans le cadre du logement d’abord, les personnes sans domicile ont la possibilité de se rétablir: c’est-à-dire qu’elles peuvent retrouver une vie qui a davantage de sens  et avoir un avenir plus ouvert. Le « rétablissement » ne veut pas dire que l’usager ne connaîtra plus de problèmes, de symptômes ou qu’il ne devra plus lutter. Cela ne signifie pas non plus qu’il ne devra plus avoir recours à des services spécialisés ou à des médicaments pour pouvoir vivre de façon complètement autonome. Le processus de « rétablissement » est unique et personnel,  fait d’essais et d’erreurs, de pas en avant et de pas en arrière. Ce processus implique des expériences fructueuses, mais également des sentiments de peine et de frustration. Dans le cadre du logement d’abord, le processus de rétablissement est individuel et l’accompagnement doit être souple afin de permettre à la personne de choisir sa propre voie vers une vie meilleure.

Travailler dans le cadre d’une orientation vers le « rétablissement » implique que l’on soit conscient que l’usager peut avoir connu des expériences traumatisantes. Cela implique de comprendre la personne, ses besoins en termes d’accompagnement, mais également les autres éléments qui la caractérisent ainsi que les expériences qu’elle a vécues. Dans le cadre d’un service orienté vers le « rétablissement », tel qu’un service de logement d’abord, on cherche à maximiser les atouts et le potentiel des personnes accompagnées, en encourageant l’idée qu’un changement positif est possible. En vertu de cette approche, et au fil du temps, on peut donner des responsabilités aux usagers, comme le parrainage par les pairs, la représentation d’autres usagers de services de logement d’abord ou l’élaboration de leur propre plan d’accompagnement. On insiste également sur le développement des relations personnelles, en aidant les usagers, le cas échéant, au niveau de l’aptitude émotionnelle (c’est-à-dire la capacité à comprendre et à traiter correctement les émotions) et de la construction des relations de confiance. Dans le cadre des services orientés vers le « rétablissement », on utilise fréquemment des techniques d’entrevues motivationnelles.

Dans le cadre du logement d’abord, on encourage activement ce qui suit:

  • La prise d’un traitement pour les troubles psychiques et autres pathologies
  • La réduction des risques liés à la drogue et à l’alcool
  • Le changement de comportement afin de réduire les risques pour la santé et le bien-être
  • La prise de conscience qu’un changement positif et le fait d’avoir une vie meilleure à l’avenir constituent une possibilité réaliste pour les personnes qui participent à un programme logement d’abord.

La philosophie de l’orientation vers le « rétablissement » dans le cadre du logement d’abord suppose que l’accompagnement fourni soit toujours axé sur le fait que l’usager puisse envisager un avenir meilleur comme une possibilité réelle et atteignable. L’accompagnement et le traitement sont là pour le permettre, mais cela ne constitue que l’un des aspects de l’orientation vers le « rétablissement », qui vise également à faire de l’idée du « rétablissement » une perspective réaliste dans l’esprit de l’usager. L’orientation vers le « rétablissement » doit être maniée avec prudence dans le contexte de cette approche, qui vise à maintenir l’axe principal sur le choix et le contrôle et sur le fait que la personne est au centre de l’accompagnement. Il est important que les messages positifs exprimés dans le cadre d’une orientation vers le rétablissement soient prudemment mis en place. Il est particulièrement important que:

  • La promotion du « rétablissement » reflète toujours ce que la personne souhaite pour elle-même et non les idées de quelqu’un d’autre concernant la direction que doit prendre sa vie. Il convient d’écouter et de respecter les choix de l’usager. L’orientation vers le « rétablissement » est l’un des aspects clés du logement d’abord.

L’orientation vers le « rétablissement » soit réaliste et fondée, mais que l’on ne présume pas du type de vie que l’usager pourra finalement mener.