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2.5. Principe de la réduction des risques

L’idée de la réduction des risques est fondée sur le fait que la suppression d’une consommation problématique de drogue et d’alcool est un processus complexe et que les services qui imposent l’abstinence aux substances psychoactives ou la désintoxication ne fonctionnent pas pour de nombreuses personnes sans domicile. La réduction des risques est une pratique largement utilisée dans certains pays d’Europe du Nord, comme la Finlande ou le Royaume-Uni. On la pratique depuis longtemps en France((Le Dr. Claude Olivenstein a  joué un rôle décisif dans l’introduction du concept de réduction des risques en France dans les années 1970.)), mais ce n’est pas le cas partout en Europe. De nombreuses données probantes montrent que le principe de réduction des risques est plus efficace auprès des personnes sans domicile ayant des besoins complexes que les approches basées sur l’abstinence aux substances psychoactives ou la désintoxication((Pleace, N. (2008) Effective Services for Substance Misuse and Homelessness in Scotland: Evidence from an International Review Edinburgh: Scottish Government http://www.gov.scot/Resource/Doc/233172/0063910.pdf)).

Dans le cadre de la réduction des risques, on considère la consommation de drogue et d’alcool comme le résultat d’autres besoins d’accompagnement et comme une source potentielle de complexification et d’intensification des besoins d’accompagnement. La consommation de drogue, par exemple, ne peut être prise en considération ou traitée isolément ; il convient de l’envisager en relation avec les autres besoins d’accompagnement de la personne ainsi qu’en fonction de ses caractéristiques et de son comportement.

Une approche globale de la personne tenant compte toutes les causes et de toutes les conséquences de sa consommation de drogue et d’alcool est au centre de la philosophie de la réduction des risques. De même, la réduction des risques vise à convaincre les personnes de modifier leur consommation de drogue et d’alcool, qui leur fait du tort, et à les soutenir dans ce sens. La réduction des risques implique de proposer un accompagnement, de l’aide et un traitement, mais pas d’imposer l’abstinence aux substances psychoactives.

La réduction des risques suppose une approche persuasive((Pleace, N. (2008) Effective Services for Substance Misuse and Homelessness in Scotland: Evidence from an International Review Edinburgh: Scottish Government http://www.gov.scot/Resource/Doc/233172/0063910.pdf)). L’objectif n’est pas nécessairement de mettre fin à toute consommation de drogue et d’alcool, mais de réduire les dégâts que la personne subit, en l’aidant à réduire et à contrôler sa consommation. Si la personne veut arrêter de boire ou de se droguer, l’approche de réduction des risques peut le lui permettre, mais il y aura également une implication auprès du consommateur actif afin de l’encourager à réduire sa consommation.

La réduction des risques joue un rôle central dans le logement d’abord. On ne peut pas placer au centre de cette approche le logement en tant que droit de l’homme, la promotion du choix de l’usager ou la promotion de la séparation entre le logement et le traitement sans appliquer le principe de réduction des risques. Si on imposait l’abstinence aux substances psychoactives, on ne pourrait pas proposer de logement à une personne qui refuserait de mettre un terme à sa consommation d’alcool ou de drogue et cette personne ne pourrait pas non plus se maintenir dans son logement.