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2.2. Choix et contrôle par les usagers des services

L’un des principes clés du logement d’abord est que l’on doit écouter les personnes qui utilisent le service et leur avis doit être respecté. Une personne qui participe à un programme de logement d’abord doit pouvoir exercer de vrais choix quant à la manière de vivre sa vie et quant au type d’accompagnement qu’elle reçoit.

Ce principe fondamental du logement d’abord est centré sur le fait de permettre aux personnes sans domicile de déterminer leurs besoins et les façons d’y répondre. Dans la pratique:

  • Il ne faut pas croire que toutes les personnes sans domicile ayant des besoins élevés d’accompagnement ont certains comportements et certaines caractéristiques en commun. On ne peut pas répondre de façon efficace à leurs besoins par un ensemble de services standardisés qui ne tiennent pas compte de leurs besoins, de leurs caractéristiques, de leurs comportements ou de leurs expériences individuelles spècifiques.
  • La meilleure manière de comprendre les besoins d’une personne sans domicile est d’écouter ce qu’elle dit et d’entendre son point de vue sur le type d’aide dont elle a besoin.
  • Pour écouter et répondre aux besoins et aux opinions d’une personne de façon efficace, le logement d’abord doit respecter cette personne et ses atouts plutôt que de se concentrer de façon négative sur ses limites. Un service de logement d’abord ne peut pas fonctionner de façon paternaliste. Dans le cadre de cette approche, on ne peut pas partir de l’hypothèse que le personnel comprend mieux les besoins de la personne que la personne elle-même.
  • Afin d’aider les personnes sans domicile à choisir la bonne combinaison d’accompagnements pour elles-mêmes, l’empathie, la gentillesse et la compréhension de la part de l’équipe d’accompagnement du service de logement d’abord sont aussi importantes que le respect.
  • Dans le cadre de cette approche, on encourage activement les personnes à suivre le traitement dont elles ont besoin, notamment à réduire les risques liés à la drogue et à l’alcool et à se faire aider pour leurs pathologies mentales ou physiques. On propose également aux personnes de les aider à s’engager dans la vie citoyenne et à mettre en place ou à remettre en place un accompagnement social. Le contrôle est entre les mains de l’usager du service, mais l’accompagnateur travaillant pour le service de logement d’abord l’informe des possibilités qui lui sont offertes afin de réaliser des changements positifs dans sa vie (voir 2.6).
  • L’accompagnement doit être souple, imaginatif et pouvoir s’adapter aux spécificités des demandes de l’usager du service de logement d’abord. On peut garder à l’esprit l’ensemble des fonctions d’accompagnement clairement définies dans le cadre du logement d’abord (voir chapitre 3), mais on doit pouvoir répondre aux besoins spécifiques de chaque usager du service.
  • Le logement d’abord s’adapte aux besoins individuels, en reconnaissant les atouts de la personne, et non en utilisant un ensemble de réponses standardisées ou limitées. Les usagers des services de logement d’abord ne se voient pas proposer une aide dont ils n’ont pas réellement besoin. Cela implique de reconnaître les atouts présents chez chaque personne ou ceux qu’elle va développer avec le temps.

Dans le cadre du logement d’abord, on considère l’« autodétermination » comme le point de départ du rétablissement. Dans ce cadre, le partage de la prise de décision entre les usagers et les prestataires de services constitue une partie essentielle du « rétablissement »((Greenwood, R. M., Schaefer-McDaniel, N. J., Winkel, G. et Tsemberis, S. J. (2005). Decreasing psychiatric symptoms by increasing choice in services for adults with histories of homelessness. American Journal of Community Psychology, 36(3-4), 223-238.)). Dans les services nord-américains de logement d’abord, on qualifie quelquefois cet aspect de « choix du consommateur ».

Depuis 25 ans, en Europe, on met de plus en plus l’accent sur l’ « autodétermination » de l’usager dans le cadre du travail social et des services de santé. Certains services d’aide aux sans-abri utilisent également l’ « autodétermination ». La pratique européenne du « programme personnalisé » est assez proche de la notion d’ « autodétermination » du logement d’abord. Sitra définit la personnalisation de la manière suivante((http://www.sitra.org/policy-good-practice/personalisation/)):

La personnalisation veut dire que la personne a un choix et un contrôle maximums sur les services publics dont elle a besoin – on passe de la culture de la panacée à un accompagnement sur-mesure pour répondre aux aspirations de la personne et capitaliser sur ses atouts.

Dans le cadre du logement d’abord, il convient de trouver un équilibre entre le besoin de choix et de contrôle et le travail auprès de chaque personne pour l’encourager à suivre son traitement. In fine, le logement d’abord a pour objectif d’améliorer la santé, le bien-être et l’espérance de vie de chaque personne accompagnée, en augmentant ses chances de se maintenir de façon durable dans un logement stable.

Tous les services de logement d’abord se basent sur le principe d’équilibre des priorités. Trouver un équilibre consiste à garantir le choix et le contrôle de l’usager tout en plaçant l’accent sur son bien-être. Dans le cadre de cette approche, on vise à garantir le choix, le respect des opinions, le renforcement des atouts personnels, la compréhension et la compassion tout en encourageant activement l’usager dans la voie du « rétablissement »((Löfstrand, C. et Juhila, K. (2012) The Discourse of Consumer Choice in the Pathways Housing First Model European Journal of Homelessness 6(2), 47-68 http://housingfirstguide.eu/website/the-discourse-of-consumer-choice-in-the-pathways-housing-first-model/)).